Atelier ISC-PIF/CNRS

Approche systèmes complexes des processus
de déstructuration et de résilience des systèmes sociaux

Contexte

Les attentats de 2015 n’ont pas seulement tué, blessé et traumatisé beaucoup de nos compatriotes ; ils ont aussi rappelé de façon brutale des contradictions et des ruptures internes à notre société. Celles-ci sont étudiées depuis longtemps par les SHS qui tentent, avec plus ou moins de succès, de se faire entendre de nos responsables politiques.

Nombreux sont ceux et celles – intellectuels, artistes, chercheurs, éducateurs et bien d’autres – qui cherchent à comprendre comment ces événements tragiques auraient put être anticipés et évités, que ce soit par une meilleure appréhension des processus et canaux de radicalisation, une intensification des initiatives éducatives et une rationalisation des mesures préventives. Des solutions aux problèmes soulevés par ces événements doivent être trouvées très en amont, en explorant des pistes alternatives aux attitudes de repli et aux réactions de défense immédiates centrées sur la sécurité, la surveillance, les mesures coercitives.

Objectifs

Cet atelier a pour ambition de favoriser les échanges pluridisciplinaires entre chercheurs afin de mieux identifier et comprendre les processus dynamiques ayant favorisé l’émergence de phénomènes disruptifs tels que les attentats de 2015. Les différentes approches systèmes complexes, parce qu’elles mettent au cœur de leur réflexion la compréhension des formes d’organisation multi échelles et décentralisées, de leur émergence et de leur possible résilience, peuvent apporter un regard original sur les processus dynamiques qui ont favorisé ces phénomènes.

Les réactions des institutions face à ce type d’évènements donnent souvent lieu à des mesures mises en œuvre de manière très centralisée. Nous souhaitons avec cet atelier mettre l’accent sur les dynamiques décentralisées des systèmes complexes en faisant dialoguer des approches de modélisation et des approches plus qualitatives et de terrain. L’objectif de cet atelier de catalyser des collaborations interdisciplinaires sur les processus de déstructuration et de résilience des populations et des sociétés dans les différentes disciplines liées aux systèmes complexes (en sociologie, géographie, écologie, mathématiques, physiques, biologie, informatique, …).

Déroulement

A travers des ateliers, tables rondes et sessions ouvertes, la communauté des chercheurs-euses – anthropologues, physiciens, biologistes, psychologues, modélisateurs, etc. – aura l’opportunité de contribuer à réaliser un état de l’art sur la connaissance des processus de déstructuration et de résilience des systèmes sociaux et d’initier des collaborations qui mettent au cœur de leur réflexion la question de l’émergence décentralisée de nouvelles formes d’organisation.

Programme seul

Ces sessions visent à favoriser les interactions entre les participants. Les deux sessions ouvertes organisées le mercredi 25 mai de 15h30 à 17h et le jeudi 26 mai de 11h30 à 13h se dérouleront de la manière suivante:

  • Ce sont des sessions parallèles de 3 fois 25min.
  • Pour les intervenants : chaque intervenant présentera trois fois pendant 25 min devant 5 à 6 personnes le même exposé autour d’une table.
  • Pour les participants : au début de chaque session, des tickets sont mis à disposition des participants. Il y a six tickets par présentation et par créneau horaire, avec  une couleur par créneau. En début de session, les participants doivent prendre 3 tickets de trois couleur différentes pour se faire un programme. Toutes les 25 min, les participants sont invités à changer de table.
  • Pour participer en tant qu’intervenant-e à l’une des deux sessions ouvertes, il faut remplir ce formulaire avant l’événement ou s’inscrire lors de la table ronde du premier jour.

Liste des sessions ouvertes proposées:

Une intégration distribuée de points de vue multiples : vers une approche transdisciplinaire – Nadia Abchiche-Mimouni (IBISC, Université d’Evry Val d’Essonne)

Décisions imparfaites mais compréhensions mutuelles – Arnaud Blanchard (ETIS – Université Paris Seine)

Modélisation des dynamiques d’opinion et de l’influence de positions extrêmes -Guillaume Deffuant (IRSTEA)

Chacun pour tous ? Réactions individuelles et collectives à la menace au cours de l’attentat – Guillaume Dezecache (Université de Neufchâtel)

La société civile en quête de collaboration – Frédéric Jaquemart (GIET)

Etude clinique du lien social contemporain. Les discours du terrorisme, du radicalisme et leurs effets – Veronique Saadi (INSHS)

La « Nature trans-échelles » : les géométries de l’entropie – Diogo Queiros-Condé (Univ. Paris Ouest Nanterre la Defense)

La dynamique de radicalisation dans une population hétérogène – Damiano Peruzzi (UPMC)

25 et 26 mai 2016
9.30 – 17.00
Institut des Systèmes Complexes
113 rue Nationale, 75013
Metro: Nationale
communication at iscpif dot fr

Veuillez sélectionner un formulaire valide

Présentations

Imitation, réciprocité et le défi des attentats suicide

Mark R. ANSPACH (LIAS, École des Hautes Études en Sciences Sociales)

Anthropologue américain et théoricien social, Mark Anspach a été chercheur au CREA (Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée à l’École Polytechnique) à Paris. Il est actuellement chercheur associé au LIAS, Institut Marcel Mauss, EHESS. Après des études à Harvard avec un premier degré universitaire d’études sociales en 1981, il a ensuite obtenu un doctorat en anthropologie à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (Paris) en 1988 et un doctorat en français à Stanford en 1991. Ses recherches ont porté sur les aspects rituels de l’échange, sur les mécanismes cognitifs et sociaux de la causalité circulaire, et sur le rôle de “l’unanimité moins un” dans la formation de la mythologie religieuse et délires psychotiques. Il est l’auteur de A charge de revanche. Figures élémentaires de la réciprocité (Paris, Le Seuil, 2002).

La résilience : un cadre heuristique réellement utile à la réponse à des évènements hors-normes?

Anouck Adrot (MCF, Université Paris Dauphine)

Diplômée de l’Ecole normale supérieure, agrégée d’économie, titulaire d’un doctorat en sciences de gestion de l’université Paris Dauphine et d’un PhD de l’université de Georgia State University. Ses recherches portent sur l’utilisation des TIC en période de crise et plus particulièrement lors de désastres ou de catastrophes naturelles. Plus que les aspects techniques, ce sont les usages qui intéressent la chercheuse et plus particulièrement le concept d’improvisation.

Ce que la modélisation multi-agents nous enseigne sur la tragédie des communs.

Hugues BERSINI (IRIDIA, Université Libre de Bruxelles)

Hughes Bersini est directeur du laboratoire d’Intelligence Artificielle, IRIDIA, de l’Université Libre de Bruxelles. Il est professeur d’informatique à la Faculté Polytechnique et à l’Ecole de Commerce Solvay de cette même université. Spécialiste en bioinformatique, sciences cognitives, systèmes complexes et intelligence artificielle, il est l’auteur de plus de deux cents publications scientifiques et de dix ouvrages consacrés à la compréhension et maîtrise des systèmes complexes, dont trois mêlant informatique et sociologie: “Qu’est-ce-que l’émergence”, “Haro sur la compétition” et “Quand l’informatique réinvente la sociologie”.

Structures dynamiques et collectives : quelques déterminants élémentaires de leurs (dys)fonctionnements, du biologique au sociétal.

Jacques DE GERLACHE (Groupe Solvay / Green Fact)

Jacques de Gerlache fut chercheur en cancérologie pendant 10 ans à l’université de Louvain puis en post-Doc à l’Université de Toronto. Il a ensuite rejoint pendant 2 ans en 1988 le département de toxicologie du groupe pharmaceutique GD Searle puis le Groupe Solvay en Belgique jusqu’à fin 2013. Dans le cadre de ses fonctions actuelles, il s’intéresse tout particulièrement aux approches systémiques en sciences ainsi qu’aux démarches pédagogiques des questions de santé et d’environnement, et donne de nombreuses conférences sur les questions de risques et de principe de précaution ainsi que de la communication sur ces sujets. Co-fondateur de l’Initiative GreenFacts, une association indépendante qui propose sur son site web des résumés rigoureux et factuels de documents clés internationaux sur des questions de santé et d’environnement, il est également  ancien président du Collège National des Experts en Environnement de l’Industrie Chimique (CNEEIC, France) et membre actif de l’AFSCET.  

Monoculturalisme vs. multiculturalisme, le rôle du niveau de tolérance globale de la société

Laura Hernandez (Laboratoire de Physique Théorique et Modélisation, Université de Cergy Pontoise)

Laura Hernandez est maître de conférences habilitée à diriger des recherches au LPTM/CNRS de l’Université de Cergy-Pontoise. Ses recherches portent sur la complexité en physique et dans d’autres domaines tels que les écosystèmes mutualistes, ou les systèmes socio-économiques, où elle applique les outils et les concepts issus de la Physique Statistique, les réseaux complexes et les Systèmes Dynamiques.

Des concepts de biologie fondamentale peuvent-ils inspirer la sociologie ?

Philippe KOURILSKY (Collège de France)

Professeur émérite au Collège de France, Philippe Kourilsky a dirigé l’Institut Pasteur de 2000 à 2005. Ses travaux de recherches portent sur la génétique, le génie génétique, l’immunologie moléculaire. Cet immunologiste a écrit Le Jeu du hasard et de la complexité, un ouvrage  consacré à « la science des défenses naturelles ». En 2000, il a rendu au Premier ministre un rapport sur le principe de précaution et en 2006, un rapport intitulé L’immunologie moléculaire. Optimiser l’action de la France pour l’amélioration de la santé mondiale. Depuis 2003, il est administrateur de Veolia Environnement où il préside le Comité Stratégique Recherche Innovation et Développement Durable. Il est également président du conseil scientifique d’EDF.