Network Art

Liubov Tupikina – Bell Labs / CRI-Paris
Marc Santolini – Interaction Data Lab, CRI-Paris
Anja Wegner – Max Planck Institute
Marina Saburova – artist

L’univers ne peut pas être lu tant que nous n’avons pas appris la langue et que nous ne nous sommes pas familiarisés avec les caractères dans lesquels il est écrit. Il est écrit en langage mathématique, et les lettres sont des triangles, des cercles et autres figures géométriques, sans lesquels il est humainement impossible de comprendre un seul mot. Opere Il Saggiatore, Galileo Galilei en octobre 1623.

Aux premiers stades de l’approche scientifique moderne de l’étude des phénomènes naturels, Galilée a souligné que notre compréhension de la nature est profondément ancrée dans notre capacité à parler son langage (mathématique). Pour les générations à venir, il a nourri l’imagination avec des ratios d’or, des pendules ou des objets astronomiques. Plus important encore, elle a fourni un nouveau terrain pour une unification profonde, celle de notre monde et de l’univers – en un sens, ce fut la naissance de l’universalisme. Mais cela a eu un prix : nous avons dû supprimer la complexité. Considérons des objets dans le vide, loin de tout “observateur”.

Les mathématiques des phénomènes naturels n’avaient rien à voir avec notre expérience quotidienne mésoscopique des phénomènes biologiques, écologiques ou sociologiques.

Poussées par le besoin d’un tel langage, de nouvelles représentations mathématiques sont apparues au cours du siècle dernier pour révéler les modèles cachés de ces “systèmes complexes”, de la théorie de l’information à la dynamique non linéaire ou à la théorie des graphes.

C’est le langage des organismes et des super-organismes, des colonies de fourmis, des volées d’oiseaux, des forêts et de toutes les formes humaines d’organisations collectives, des marchés aux sociétés. Dans un monde confronté aux défis mondiaux et à leur complexité radicale inhérente, nous avons besoin d’une forma mentis capable de comprendre un tel langage. Dans ce travail, nous créons un dictionnaire visuel faisant le lien entre les mondes artistique et scientifique. En confrontant les deux représentations sur une variété de phénomènes du monde réel, nous visons à traduire le langage mathématique des phénomènes complexes dans le domaine expressif des formes artistiques traditionnelles et contemporaines.

Les spectateurs de tous âges sont invités à créer leur propre représentation artistique en utilisant les principes du sumi-e japonais, créant ainsi une expérience immersive par laquelle chacun peut naviguer et enrichir le langage qui se cache derrière les modèles cachés des systèmes complexes qui nous entourent.

Dans notre projet, nous permettons, à l’aide de motifs musicaux (boucleur matériel musical) et de techniques graphiques (encre japonaise avec paille), à toute personne, même sans formation en physique ou en mathématiques, de comprendre différents aspects du concept d’émergence dans les systèmes complexes.

ATELIER

COMPLEXITY