HDR de l’EHESS, Mention Science Sociales

Soutenue le 23 mai 2016

  • President du Jury     Madeleine Akrich
  • Jean-Pierre Nadal (examinateur)
  • Serge Abiteboul (examinateur)
  • Francis Chateauraynaud (examinateur)
  • Alan Kirman (rapporteur)
  • Emmanuel Lazega (rapporteur)

En ce début de XXIème siècle, les sciences sociales subissent une transformation probablement comparable à la révolution qu’a connu la biologie dans la deuxième moitié du XXème siècle. L’avènement de la biologie moléculaire a ouvert la voie à une description fine des processus maintenant l’intégrité de la cellule et assurant son articulation avec l’organisme.

Dans le même temps, de nouveaux équipements (micro-array, microscopie confocale, IRM, etc.) et le développement des capacités de calcul ont permis d’observer, notamment in vivo, les organismes de manière multi-échelle en espace (échelle moléculaire, cellulaire, organes) et en temps (de l’expression des gènes à l’ontogenèse).

Il en a résulté des découvertes majeures, une accélération du rythme de publication (multiplié par trois en vingt ans), et surtout une approche beaucoup plus intégrée du vivant, les théories proposant de prendre en compte différentes échelles d’espace et de temps ayant acquis de solides bases empiriques. De nombreux de signes indiquent que les sciences sociales connaissent une évolution analogue. Depuis les années 1990, les développements des sciences cognitives et de la psychologie sociale ont apporté des percées très importantes dans la compréhension de l’homme et de ses rapports à son environnement social.

Parallèlement, la migration de pans entiers d’activités sociales vers des supports numériques (communications, commerce, réseaux sociaux, productions culturelles, etc.) contribue au phénomène des méga-données, et nous donne à observer et analyser in vivo les systèmes sociaux d’une façon inédite. Enfin, la démocratisation des TIC et leur portabilité a favorisé le développement de méthodes expérimentales en économie, sociologie ou psychologie (notamment grâce à des laboratoires virtuels) qui permettent de déployer à moindre coût, des dispositifs expérimentaux pouvant traiter de très larges cohortes, ce dans des environnements très variés (lieu de travail, écoles, hôpitaux, pays en voix de développement, etc.).

Du fait des possibilités étendues d’observation et d’expérimentation en espace et en temps, cette évolution apporte un nouveau regard sur des questions fondamentales des sciences sociales – par exemple l’articulation individu – collectif, comportements – institutions. Elle devrait également permettre de stimuler un grand nombre de domaines de recherche en rendant les prédictions de certaines théories empiriquement vérifiables via l’acquisition de nouveaux types de données au niveau individuel et collectif.

Ceci étant, nous pouvons attendre de cette évolution des sciences sociales une nouvelle compréhension des phénomènes sociaux collectifs et des dynamiques sociales, qu’ils concernent les comportements, les sentiments, les représentations, la mémoire ou la formation des valeurs socio-culturelles.