Le pôle MIT (Modélisation des Interactions Temporelles) de l’ISCC vous invite à une matinée de réflexion interdisciplinaire le 16 novembre, autour de deux exposés :
Emmanuel Lazega, Institut d’Etudes Politiques de Paris
“Mobilités, turnover relationnel et coûts de synchronisation : comprendre l’action collective par la dynamique des réseaux multiniveaux”
Au cours des deux dernières décennies, la sociologie néo-structurale a développé une théorie de l’action collective basée sur l’observation et la modélisation des processus sociaux génériques (solidarités et exclusions, apprentissages et socialisations, régulation et institutionnalisation, contrôle social et résolution de conflits) qui aident les membres des collectifs organisés à gérer les dilemmes de leur action commune. Cette approche a laissé ouverte la question des déterminants macrosociaux de ces formes de coordination et de discipline sociale que les membres considèrent comme légitimes.
Dans cette présentation théorique nous abordons la question de ces déterminants en théorisant les mécanismes de co-constitution des niveaux macro et méso. Nous proposons ici de partir des phénomènes de mobilité et de *turnover* relationnel comme analyseurs de l’articulation ou de la co-évolution entre stratification et organisation, entre positions et processus, pour aboutir à une approche sociologique des coûts sociaux associés à chaque forme d’action collective. Nous appelons ces coûts sociaux, pour rester cohérents avec ce point de départ marqué par la temporalité, des « coûts de synchronisation » entre dynamiques propres aux niveaux d’action collective superposés qui se co-constituent en co-évoluant. Cette approche est associée de près aux récents travaux sur l’analyse dynamique des réseaux multi-niveaux, *i.e.* des systèmes articulant des niveaux d’action collective distincts et superposés, qui permettent d’envisager des mesures de ces coûts de synchronisation et les inégalités de leur distribution, notamment en identifiant et en reconnaissant l’importance des infrastructures relationnelles de niveaux intermédiaires, entre réseaux interpersonnels et réseaux inter-organisationnels, qui sont transformées en organisations formelles par les acteurs sociaux en quête de pouvoir et d’« outils ayant une vie propre » (Philip Selznick).
Robin Lamarche-Perrin, ISC-PIF
“Le cube géomédiatique : analyse spatio-temporelle et multi-échelle de l’actualité internationale”
Le cube géomédiatique formalise trois dimensions essentielles de l’actualité : son organisation spatiale, sa dynamique et l’ensemble des médias responsables de sa diffusion. La distribution des nouvelles d’actualité au sein de cet espace tridimensionnel informe donc sur la structure géographique et politique de la sphère médiatique.
À partir d’un corpus de 300 000 articles d’actualité internationale, nous nous intéressons à l’étude des irrégularités spatiales et temporelles dans la couverture médiatique d’une trentaine de quotidiens en ligne. Cette présentation se concentre sur les aspects méthodologiques de nos travaux. Comment, par des opérations simples et génériques sur le cube géomédiaque, peut-on mettre en évidence les particularités de traitement de certains pays, par certains journaux, à certaines dates ? Comment aborder ces irrégularités à différentes échelles spatiales, temporelles et médiatiques ? Comment engendrer enfin des représentations multi-échelles qui ont un sens pour la géographie, les sciences politiques et la sociologie des médias ?
L’approche formelle que nous proposons s’appuie en grande partie sur des concepts d’informatique théorique tels que la théorie de l’information et l’optimisation combinatoire pour extraire de données structurées des motifs d’analyse pertinents à différentes échelles, selon les trois dimensions du cube.
Le pôle MIT de l’ISCC : http://www.iscc.cnrs.fr/spip.php?article2066
Lieu : ISCC, 20 rue Berbier-du-Mets, 75013 Paris Métro 7 ou bus 27, 47, 83, 91, « Les Gobelins »
Horaires : 9h30 – 12h30
Entrée libre dans la limite des places disponibles.
Pas d’inscription nécessaire.
Les organisateurs, Matthieu Latapy et Francesca Musiani.