Le pôle MIT (Modélisation des Interactions Temporelles) de l’ISCC vous invite à une matinée de réflexion interdisciplinaire autour de deux exposés :
Suivi automatique de l’évolution de communautés dans les réseaux d’interaction
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Rémy Cazabet – LIP6 – CNRS et Université Pierre et Marie Curie (UPMC)
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La détection de communautés est un problème classique de l’analyse de graphe, fréquemment appliqué à l’analyse de réseaux sociaux, car elle fournit un support à la compréhension et l’interprétation de la structure organisationnelle du réseau étudié. Au cours des dernières années, des facteurs techniques (généralisation du numérique, du web, …) et sociaux (open data,…) ont permis de rendre accessible de grandes quantités d’information sous la forme d’interactions entre individus (échanges de messages/mels/appels téléphoniques, activité scientifique, dispositifs de captations d’interactions physiques ou verbales, etc.). Ces données peuvent êtres modélisées sous la forme de réseaux sociaux dynamiques, dont les liens et les nœuds varient au cours du temps. Dans cette présentation, je discuterai de l’intérêt, des difficultés et des solutions pour utiliser la détection de communautés sur des réseaux sociaux dynamiques, en abordant la question de la détection d’événements (notamment division et fusion de communautés), et celle de la granularité temporelle. J’illustrerai mes propos par un exemple concret, l’analyse des données issues du projet SocioPatterns.
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Utilisation des séries de graphes pour l’étude des interactions temporelles
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Christophe Crespelle – LIP – CNRS et Université Claude Bernard Lyon 1 (UCBL)
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Dans de nombreux contextes, tels que les réseaux de contacts physiques entre individus, les réseaux d’appels téléphoniques, d’envois d’emails, de sms, ou de manière générale d’échanges de messages entre des parties communicantes, les interactions temporelles forment naturellement des flots de liens, c’est à dire une collection de triplets (u,v,t) signifiant qu’une interaction a lieu au temps t entre les entités u et v. Pour étudier la dynamique de ces interactions, une voie très répandue consiste à transformer l’objet original en une série de graphes. Le procédé utilisé pour ce faire est l’agrégation. Il consiste à former, sur une fenêtre temporelle donnée, le graphe, dit agrégé, des interactions ayant eu lieu au cours de cette fenêtre. En procédant ainsi pour un ensemble de fenêtres de temps couvrant la période d’étude, on obtient une représentation de la dynamique des interactions temporelles sous forme d’une série de graphes, un graphe agrégé pour chaque fenêtre considérée. Au delà de l’intérêt et des bénéfices que l’on peut retirer de cette transformation, ce procédé pose question en lui même. D’abord, parce qu’il change l’objet original, un flot de lien, pour un autre objet, une série de graphes, dont il n’est pas clair qu’il représente fidèlement le premier. Ensuite, parce que les propriétés de la série formée dépendent grandement de la longueur des fenêtres temporelles choisies pour agréger. Dans cet exposé nous chercherons à savoir s’il est possible, étant donné un ensemble d’interactions temporelles, de déterminer une plage de variation pour la longueur de la fenêtre d’agrégation dans laquelle les propriétés du flot de liens original sont essentiellement conservées dans la série de graphes formée par agrégation. Nous discuterons aussi des perspectives ouvertes par la méthodologie que nous présentons pour l’étude des interactions temporelles, notament pour se passer entièrement du procédé d’agrégation.
Entrée libre dans la limite des places disponibles. Pas d’inscription nécessaire.
Le pôle MIT de l’ISCC : http://www.iscc.cnrs.fr/spip.
Organisateurs : Matthieu Latapy et Francesca Musiani.