Une plateforme à destination des journalistes pour dépister les Fake News

Dans le cadre du projet Politoscope le CNRS met à disposition des journalistes une plateforme inédite d’analyse de la circulation de l’information sur Twitter pendant la campagne présidentielle: http://journalist.iscpif.fr .

L’objectif : permettre aux journalistes et chercheurs de mieux contextualiser les informations circulant sur Twitter en terme de communautés émettrices. Ce dispositif est l’une des réponses apportées au phénomène des « fake news » qui à pris de l’ampleur lors de précédentes consultations démocratiques.

Les “fake news” sont diffusées au cours de campagnes de désinformation brèves mais très virulentes menées par des communautés spécifiques. Elles bénéficient d’échos et de relais importants dans les autres communautés et (peuvent) ont pour caractéristique de pouvoir être réactivées et réutilisées plusieurs semaines voire plusieurs mois après leur première apparition.

Le rôle de cette plateforme n’est pas de qualifier le caractère vrai ou faux d’une information – une tâche qui revient aux journalistes et aux experts – mais d’étudier la propagation d’informations particulières (vraies ou fausses) à travers la twittosphère politique et (permet) de détecter le caractère coordonné ainsi que l’origine de la publication de “fake news”.

Par exemple, en juillet 2015, l’AFP titrait « l’agression d’une jeune femme en maillot de bain à Reims enflamme les réseaux sociaux » , relayant ainsi un cas supposé d’intervention dans l’espace public d’une « police religieuse », diffusé sur les réseaux sociaux. L’information a été démentie par le préfet trois jours après son apparition et il a été démontré qu’elle avait été montée en épingle quasiment exclusivement par des mouvances d’extrême droite, habituée des actions d’astroturfing en ligne, cette technique de propagande qui a pour but de donner une fausse impression d’un comportement spontané ou d’une opinion populaire.

L’outil proposé par le CNRS aurait permis d’identifier, données à l’appui, la communauté à l’origine de cette information et par conséquent de contextualiser différemment la dépêche AFP (ex : « L’extrême droite tente de récupérer un fait divers (dans un parc à Reims)»).

Le Politoscope propose une deuxième extension, ‘Face à Face’, qui compare sur 9 mois avec une mise à jour quotidienne les prises de position d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen ainsi que la manière dont la presse rapporte leurs paroles et leurs actes dans plusieurs domaines clés. Pour permettre à cet outil de répondre le plus efficacement aux besoins des journalistes, ces derniers sont invités à proposer de nouveaux domaines qu’ils estimeraient pertinents.

Le Politoscope est développé par une équipe CNRS de l’Institut des Systèmes Complexes Paris Ile-de-France et du Centre d’Analyse et de Mathématiques Sociales (CNRS/EHESS) sous la direction de David Chavalarias. Depuis août 2016, ce dispositif a analysé les échanges de plus de 85 millions de tweets entre plus de 3 millions d’utilisateurs uniques de Twitter.