L‘invention de l’espace mathématique
Conférence
Conférence
Le riche débat grec et médiéval sur la nature de l’infini, en puissance et en acte, trouve une synthèse et une réponse dans l’invention, en Italie et à la Renaissance, de la perspective géométrique. Dès le milieu du XIVe siècle, des peintres-théologiens donneront à l’infini en acte de Dieu sa première forme symbolique : la ligne ou le point de fuite dans les Annonciations, lieu de rencontre entre l’incommensurable et le mesurable, entre l’incirconscriptible et le lieu, entre Dieu et l’homme. La géométrie projective des peintres renaissants, une décision théologico-picturale, un geste à la limite infinie, organise alors l’espace des hommes, pour une humanité plus pleine, dans sa finitude, toujours confrontée à l’infini de Dieu. Ensuite, l’espace et l’infini encadreront les dynamiques physiques, en tant que conditions de possibilité pour la construction de la science moderne. Au cœur de cette nouvelle construction d’objectivité, le rôle du sujet connaissant et de la relativité des systèmes de référence est aussi à retrouver dans l’explicitation du regard relativisant du spectateur et de l’artiste en peinture.
Giuseppe Longo, mathématicien, et Sara Longo, historienne de l’art, donnerons ensemble cette conférence déambulatoire.
Giuseppe Longo est mathématicien de la logique et de la calculabilité et épistémologue (15 ans prof aux différents niveaux, Univ. de Pise, It.; 3 ans chercheur et prof aux USA; à présent, DRE-CNRS, Ecole Normale Sup, Paris).
Auteur d’une centaine d’articles et de cing livres, dont certains en collaboration avec des physiciens et des biologistes – dernier en date : Le cauchemar de Prométhée. Les sciences et leurs limites. chez PUF, Paris en 2023. Il a été également responsable d’un projet à l’IEA de Nantes sur le concept général de loi (voir le volume “Lois des dieux, des hommes et de la nature”, Spartacus IDH, 2017).
Depuis une quinzaine d’années, son activité porte sur les relations entre mathématiques et sciences de la nature, en particulier la biologie évolutive et des organismes. Son projet actuel développe une épistémologie des nouvelles interfaces explorant les corrélations historiques et des alternatives à la nouvelle alliance entre formalismes computationnels et gouvernance de l’homme et de la nature par les algorithmes et par des “méthodes d’optimalité” prétendument objectives.
Sara Longo est historienne de l’art. Elle a soutenu en 2014 un doctorat à la Sorbonne sur la théorie de l’art de Daniel Arasse, qui est devenu une publication, Daniel Arasse et les plaisirs de la peinture, Editions de la Sorbonne, 2023.
SHAKER SPACE —————-
CONFéRENCE Déambulatoire
GIUSEPPE ET SARA LONGO
15H30