Conférences, tables rondes, présentations originales alterneront avec des ateliers spécifiques dédiés à la production de cartes et graphiques, à leur sémiologie, à leurs esthétiques. La dimension épistémologique de tels savoirs et savoir-faire sera détaillée.
Les méthodes et outils de visualisation ont depuis 15 ans pris un grand essor en physique et en informatique. Elles soulèvent néanmoins des interrogations de plusieurs types:
- fiabilité de la représentation, puisqu’il s’agit de projeter des points ou graphes plongés en des espaces de grandes dimensions sur des plans (sur l’écran). Or certaines productions graphiques ne quantifient pas l’information perdue par de telles projections;
- risques de réification, quand le réel est supposé se confondre avec l’image obtenue: « le graphe (ou la carte) montre que… »;
- tiraillements des chercheurs et producteurs entre des effets de mode et des dynamiques disciplinaires (quand par exemple la physique investit le champ de la sociologie);enfin, au plan des positivités,
- apports heuristiques de telles représentations et circulations, qui aident à infirmer ou confirmer des hypothèses, affiner des problématiques, expliciter sa démarche épistémologique (préciser les parts de la preuve graphique et de l’appareillage numérique dans le raisonnement, etc.).
Or la majorité de ces questions a été abordée par les sciences sociales entre les années 1970 et 2000. Par exemple,
- l’usage des analyses factorielles par les sociologues et historiens a d’emblée alimenté les débats sur la qualité et la vraisemblance des représentations graphiques qui les accompagnaient (mesure précise de la perte d’information, possibilité ou non de comparer des individus et des variables graphiquement proches, etc.);
- les débats sur les liens entre carte et territoire, sur les distorsions de la réalité induites par les jeux d’obtenues et les indicateurs, sur les vertus et limites de l’échantillonnage et des exemples singuliers ont traversé la sociologie, la géographie, l’histoire, jusqu’à la littérature (Borgès et la carte 1/1);
- enfin, les apports heuristiques de telles méthodes et de la cartographie ont été identifiés et abondamment commentés. Et des historiens (Michel de Certeau), des anthropologues (Jack Goody) et des philosophes (François Dagognet) ont explicité le rôle essentiel de la technique et de l’instrumentation dans nos raisonnements, dans nos représentations du monde et dans nos façons de faire et de penser la science;
Aussi les questionnements actuels semblent-ils négliger les réponses apportées à leurs équivalents d’il y a quelques décennies.
+ d’information : http://barthes.enssib.fr/ECV-2017/
Contenu initialement diffusé par IXXI sur http://www.ixxi.fr/agenda/seminaires/ecole-dete-de-cartographie-et-de-visualisation